vendredi 4 novembre 2016

Favoris d'Octobre

   Ce mois-ci, j'ai eu envie de vous parler de milles choses à la fois, et comme c'est un peu confus, autant tout rassembler en un article géant de Favoris d'Octobre (et Septembre, je triche). Qui sait, si je me motive et si ça vous plait, on peut en faire un rendez-vous mensuel!

W E B S I T E S :

Je me suis remise à Pinterest. Je ne m'en étais jamais servie activement, et l'application mobile/le bouton sur google chrome m'a vraiment permis de m'y mettre. Je ne m'en passe plus, toute ma vie se concentre dans mes pins. En tant qu'organization freak, cela me facilite vraiment la vie de pouvoir classer toutes mes inspirations en milliards de dossiers. N'hésitez pas à me suivre/à m'envoyer le votre!

J'ai également entrepris de refaire mon tumblr, et d'y rajouter quelques nouvelles catégories. J'ai viré une centaine d'abonnements qui ne me plaisaient plus, et suis à la recherche d'un dashboard qui me correspond mieux. 

A R T :

Niveau ZINE, j'ai reçu deux commandes dernièrements dont je suis obligée de vous parler. 

Premièrement, laissez moi vous parler du SAD GHOST CLUB, qui a commencé sous forme de zine/comic et qui s'éteint maintenant en collections de vétements, patchs, badges, et qui organise également des workshops aux Etats-Unis! Le principe du Sad Ghost Club est de réunir toutes les personnes souffrant de maladies mentales ou toutes les personnes se sentant en décalages avec la société autour de ces comics qui font du bien. J'ai acheté toute la collection de zine cet été, avec laquelle j'ai reçu un patch, des cartes postales, et des autocollants. Je ne saurais que trop recommander ces zines qui m'ont fait beaucoup de bien.

thesadghostclub:
“ The last page from Thoughts from a sad ghost x
New Store//facebook//instagram//twitter
”

Pour Halloween, j'ai - enfin - reçu ma copie du Modern Witches Artbook, qui est malheuresement out of stock mais qui va me permettre de vous faire connaître le blog Modern Witches Daily.  L'artbook est le produit d'un travail collaboratif de plusieurs illustrateurices qui souhaitaient travailler sur le thème de la sorcellerie dans un monde moderne, et de la façon dont la magie se pratique aujourd'hui. Vous allez vite comprendre dans les travaux que je vous présente que l'esotérisme et le witchcraft sont depuis quelques mois mes sujets de prédilection, et je suis ce blog depuis plus d'un an. 

Sur twitter, vous avez peut-être entendu parler du witchy art challenge qui a servi à pas mal d'illustrateurices pour l'Inktober notamment Avalon que j'aime beaucoup et à qui j'avais passé commande.

En parlant d'inktober je vous conseille tout particulièrement celui de Blandinde, qui est de loin le plus inclusif que j'ai pu voir ce mois-ci, et l'un de mes préférés!!

Pour sortir un peu de l'illustration, je vous partage également le travail d'Adlan Mansri, photographe très nan goldin-ien que je viens tout juste de suivre et dont certaines séries me bouleversent sans que je puisse expliquer pourquoi, comme Vanishing Point ou Rear Windows. Vous pouvez acheter son book ici









 D I V E R T I S S E M E N T :

musique: 

                    
 J'ai vu ABRA en concert au Pitchfork le 29/10
et je vous conseille vivement d'aller la voir si elle passe dans votre ville. 
Seule sur Scène avec ses enregistrements musicaux, cette zouz a une présence incroyable.
 J'étais complètement hypnotisée paer sa voix et ses mouvements de danse. 
Rien à envier à M.I.A qui passait juste après!




   Idle Labor de Craft Spells. 
Mon album préféré, écouté durant Samhain. 
Parfait pour se recharger dans le bain ou booster sa créativité.

YouTube: 

The SCHOOL OF LIFE est selon moi l'un des meilleurs contenus que l'on peut trouver sur Youtube. Il s'agit d'un collectif qui traite de sujets de philosophie, de société, de développement personnel par de petites vidéos animées qui tombent toujours juste et me font toujours beaucoup de bien. Malheureusement, toutes les vidéos ne sont pas sous-titrées en français, mais il ne tient qu'à vous de collaborer pour le faire!









Jeux Vidéos: 


J'ai découvert UNDERTALE il y a plusieurs mois, mais ce n'est que ce mois-ci que j'ai enfin terminé ma True Pacifist Route. Il s'agit d'un jeu indépendant qui se finit en 5-6h pour une route, dont le pitch est le suivant: dans un monde où les humains ont enfermés les monstres au sous-sol après une guerre meurtrière, un enfant (nous)  tombe dans ce sous-terrain et essaie de regagner la surface. La route que vous prendrez sera différente en fonction des choix moraux que vous deciderez de faire: se battre contre ses ennemis, ou les épargner? C'est un jeu vraiment prenant dans lequel on s'attache aux personnages, à leur humour, à leur histoire, il m'a énormément aidé dans ma dépression, et m'a suffisament marqué pour que je me tatoue une référence au jeu au début du mois! Pour une critique plus complète sans spoil: là.

Livres:

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L'Invention de la Solitude de Paul Auster est un livre que j'avais dans ma liste depuis un certain temps, et que j'ai finalement dévoré en moins de trois heures. Vu mes difficultés à lire avec mon traitement et ma faible capacité de concentration, autant vous dire que c'est un immense gage de qualité. Si vous aimez lire sur le deuil, sur la mémoire, sur la quête d'identité, si vous aimez les autobiographies et l'écriture fragmentaire, ce livre est fait pour vous. Il est devenu immédiatement un de mes livres favoris: LISEZ-LE!!

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Des recommandations pour Novembre?

lundi 3 octobre 2016

Get Enthusiast With Me #2 : mes albums du moment



  Pour faire une petite pause entre deux articles de type sérieux, je vous propose une collation culturelle pour le week-end, dans laquelle je vous parle de mes coups de cœurs musicaux du moment!


Les dernières sorties:



Pour se préparer à aller en boîte:




Mystère - La Femme



Suite à leur concert de Rock en Seine fin août, l’attente de ce nouvel opus m’a paru interminable. J’ai eu avec La Femme une histoire chaotique: en 2013, au moment de la sortie de Tropical Berlin, je refusais d’écouter au premier degré ce que j’assimilais à du Fauve amélioré. Et puis, doucement, l’album a eu raison de moi: Antitaxi a accompagné tous mes trajets de bus, Nous Etions Deux mes chagrins d’amour, Packshot et Saisie la Corde mes phases dépressives… Après une quinzaine d’écoute et trois concerts, Mystère me semble presque trop court par rapport au premier opus. Il s’agit pour moi d’un album bien plus fêtard, et bien plus automnal/hivernal que le dernier. L’absurdité habituelle des textes de La Femme aborde avec justesse cette période dans laquelle je me trouve actuellement, les premiers temps de l’âge adulte et ses paradoxes, ses peurs, sa bancalité. Quant à la musique l’inspiration vient d’ailleurs: rythmes disco, mélodies d’inspiration orientale (une chanson est même chantée en arabe) - on a quitté le psychédélisme pour revenir à du rock façon année 80, et ce n’est pas pour déplaire. A écouter sur le chemin de la boîte de nuit kitsch la plus proche, un gin tonic à la main.


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Pour rentrer de soirée au petit matin:



Heads Up - Warpaint



Honte à moi, j’ai attendu 2016 pour découvrir Warpaint, ce groupe psych-rock-impossible-à-classer-même-selon-NME de quatre meufs (dans le vent). C’est en apprenant qu’elle seraient présentes au Pitchfork Festival où j’ai l’intention de me rendre que je me suis penchée sur leur album Heads Up, qui est de loin mon plus gros coup de cœur de Septembre. J’ai immédiatement accroché à ces mélodies éthérées accompagnées de guitare bien rock. J’ai l’impression d’écouter du Tame Impala au féminin, du Cocorosie garage, du Santigold en pleine jeunesse. Un album pour les heures bleues et les confidences de fin de soirée.

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Pour bien se réveiller le matin/sous la douche:

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AIM - M.I.A


Décidément, 2016 est une année résolument féministe et engagée. Dans son nouvel album, M.I.A s’engage un peu plus politiquement avec des textes comme Visa, Foreign Friends, ou Borders. On peut reprocher à l’album de se répéter d’une chanson à une autre niveau parole et mélodies, d’être peu diversifié, même s’il offre de belles surprises comme Birds. N’essayez pas de l’écouter pour faire le ménage car votre productivité sera rapidement détournée vers une séance intensive de danse en culotte. Je vous aurais prévenu.

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La bande sonore de ton crush de rentrée:

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Carrément Carrément - The Pirouettes

Spotify | Youtube


Il semblerait que La Femme ai donné naissance à toute une nouvelle vague de variété pop française assumée ringarde et niaise. Ce n’est pas pour me déplaire. Ce premier album du duo The Pirouettes est un parfait fond sonore pour accompagner les amours naissants de début d’année. Allergiques aux paroles niaises, mélodies entraînantes, voix légères, esthétique empreinte des années 80: fuyez! Pour les autres, on se retrouvera cet été à chantonner Je Nous Vois ou L’Escalier dans les nombreux festivals qui aceuilleront sans doute ce joli groupe.


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Pour tout détruire:




Amnesty - Crystal Castles



Le départ d’Alice Glass nous ayant toustes bouleversé.es, ce quatrième opus des Crystal Castles version 2.0 était attendu au tournant. Bien qu’ayant acheté ma place pour le concert de décembre à Paris, je ne suis toujours pas tout à fait convaincue par cet album. Selon moi, il s’agit d’un album qui, plus que les trois précédents, recquiert une certaine inclinaison de l’humeur pour s’écouter. En un mois, Amnesty est devenu ma bande-son défouloir pour  moments de colère, d’irritabilité, d’épisode mixtes. J’aime écouter Enth et Concrete quand j’ai envie de tout casser, puis reprendre mon souffle sur Ornaments et Their Kindness is Charade. Frail reste cependant ma préférée depuis sa sortie en tant que premier single, et certaines pistes peuvent clairement se laisser tomber dans l’oubli. Ayant entendu parler de la très mauvaise réputation du groupe en live, j’attend le 2 décembre pour mettre Edith et Evan à rude épreuve. On se voit là-bas?


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Pour les nuits blanches et les trajets de métro:




Stranger Things Soundtrack

Spotify | Youtube


Mon obsession pour la série netflix Stranger Things est plus ou moins hors de contrôle. Pour tout vous avouer, je songe presque à en faire un article inspiration tellement j’ai récolté ces dernières semaines d’image et vidéos sur le sujet. Quoiqu’il en soit, si vous n’êtes pas encore convaincus par cette série (ce que je peux comprendre), laissez vous au moins transporter par sa bande originale absolument parfaite. Que de l’instrumental, du vaporwave/new retrowave qui sent bon les films de science fiction des années 80, une ambiance tout juste oppressante mais calme à la fois. Si vous cherchiez un fond sonore pas très imposant pour vos après-midi en bibliothèque, c’est ce qu’il vous faut.


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 Bonne écoute !

mardi 20 septembre 2016

Les troubles de l'humeur, c'est quoi? (première partie)




Avant de commencer cet article, je me permets de faire un disclaimer qui, je l’espère, va s’avérer utile. Il y a un an, j’étais diagnostiquée Bipolaire type II par une psychiatre, et ce diagnostique a été depuis confirmé deux fois au sein de deux établissements différents. Bien que je parle de mon expérience en deuxième partie de cet article, je tiens à préciser qu’un diagnostique de bipolarité définitif se fait en sept ans de psychothérapie. Il n’est alors pas impossible qu’au cours des prochaines années, mon diagnostique soit revu, corrigé, annulé. C’est pourquoi ce que je raconte ici n’est pas à lire comme une parole divine, il s’agit simplement d’un article informatif le plus complet possible, et vous êtes évidemment invités à me faire savoir les erreurs que je peux commettre.


Ce qui m’a motivé il y a six mois à commencer ce travail de recherche est une forme de frustration face à la relative absence de dossiers complets et accessibles sur le sujet en langue française. En effet, les informations que je vais développer ci dessous sont des traductions de sources anglophones telles que vidéos Youtube, articles scientifiques, conférences de psychiatres, documentaires, etc. En tant que patiente qui soutient l’auto-diagnostique, je trouve la démocratisation de l’information sur les maladies mentales essentielle. L’accès à des informations simples, organisées et complète permet aux patients de ne pas être en position de faiblesse par rapport à des psychiatres et autres professionnels de la santé souvent abusifs. Personne ne vous connait aussi bien que vous-même; se renseigner sur sa maladie, c’est apprendre à mieux en déceler les symptômes et à mieux la gérer au quotidien.


Ne veut pas être défini par le trouble bipolaire
Se sent beaucoup mieux en s'y identifiant

Les troubles de l'humeur: généralités.


Il faut savoir que le terme de “psychose maniaco-depressive”, longtemps utilisé, a été modifié puis supprimé dans le DSM V (la bible des trouble mentaux pour les professionnels de la santé mentale). On préfère désormais trier les maladies sous forme de “spectre”: spectre des troubles anxieux, spectre des troubles de la personnalité, spectre des troubles de l’humeur… Cette notion de “spectre” indique une certaine porosité entre les différents diagnostiques possibles, de telle sorte à ce que l’on fasse plus attention aux nuances.


Dans le cas des troubles bipolaires, le diagnostique est souvent long et difficile. Il n’est par exemple pas rare que l’on confonde bipolarité et trouble de la personnalité borderline, car les deux maladies présentent de nombreuses similitudes.  Ce qui distingue les troubles de la personnalité des troubles de l’humeur, c’est justement leur nom: chez les borderline, par exemple, la maladie et ses symptômes fait partie intégrante de la construction de la personnalité du patient; ainsi, les médicaments trop dosés auront tendance à complètement anihiler la personne, et à changer son comportement de manière drastique. Concernant les troubles de l’humeur, c’est donc la façon de ressentir et d’exprimer ses émotions qui varie en permanence.

site de l'association des tpb



Comment diagnostiquer la bipolarité?
Un auto-diag est-il possible?


Pour pouvoir se soupçonner bipolaire, il faut selon moi prêter une attention extrême à ses humeurs, et à leur évolution dans le temps. Pour se faire, ma première psychiatre m’avait conseillé de tenir pendant un mois un Mood Tracker comme celui-ci. Vous pouvez aussi le faire sous forme de graphique, ou utiliser des applications. Le suivi et l’analyse régulière de vos changements d’humeur est essentiel pour le diagnostique, et pour choisir le bon type de médicament. Encore aujourd’hui, j’ai dans mon Bullet Journal un moodtracker que je colorie tous les jours, et qui me permet, par exemple, de constater que je me suis sentie suicidaire 5 fois ce mois-ci, ce qui est plutôt élevé, et que la majorité de mes journées sont caractérisées par une humeur dépressive ; ce qui fait sens pour mon diagnostique, mais j’y reviendrais plus tard.


La bipolarité peut se “déclencher” à deux moments charnière dans la vie: entre 20 et 25 ans, ou entre 40 et 50 ans. La plupart du temps, des symptômes sont présents en amont, mais la maladie devient handicapante véritablement autour de ces âges-là.  L’hérédité est extrêmement fréquente chez les bipolaires. En ce qui me concerne, je suis au moins la 3ème atteinte de cette maladie du côté de ma mère, et la deuxième du côté de mon père; on m’a donc élevé dans l’idée que j’avais un “terrain psychologique fragile” qui expliquait mes comportements dépressifs et “anormaux” durant mon enfance/adolescence. Certaines personnes restent toute leur vie avec un trouble “endormi” dans le cerveau, une inclinaison à la bipolarité qui ne s’avère pas handicapante, ou qui laisse le pas à un autre diagnostique. Ma sœur a ainsi été diagnostiquée avec un trouble anxieux généralisé à ses 18 ans, après avoir été soupçonnée de bipolarité et de schizophrénie par des psychiatres.


On parvient à établir un premier diagnostique lorsque la maladie se déclenche de deux façons différentes: après un événement traumatisant, ou en réaction à une prise d’anti-depresseur. Dans mon cas, ce fut les deux. Je ne me souviens pas avoir un jour été heureuse plus de quelques jours, et j’étais dans une phase de sévère dépression depuis 9 mois quand mon meilleur ami s’est suicidé en mai 2015. D’après ma psychiatre, cet événement a fait l’effet d’un tremblement de terre dans mon cerveau, comme si je refoulais tout mon mal-être et mes traumas dans un point d’eau sécurisé par un barrage, et que le barrage avait éclaté, laissant place à une inondation. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à aller pire qu’avant: de plus en plus d’agoraphobie, de changement d’humeur, de tentatives de suicide, de crises d’angoisse, de troubles alimentaires… C’est toute cette instabilité qui m’a motivé à aller voir pour la première fois une psychiatre en septembre 2015. Elle m’a immédiatement diagnostiquée d’un Syndrome de Stress Post-Traumatique et d’une dépression sévère. J’ai commencé les anxiolitiques (xanax) et des antidepresseurs (prozac) fin septembre. En plus indénombrables effets secondaires invalidants, l’antidepresseur a déclenché chez moi plusieurs phases dites hypomaniaques. C’est donc en octobre 2015 que j’ai été diagnostiquée Bipolaire de type II. Un mois après, j’étais en hôpital psychiatrique.

Enfin correctement diagnostiquée
"eh bien, tout s'explique."

Bipolaire type II, Ça veut dire quoi?

Avant d’aborder mon diagnostique et mon témoignage, il faut pouvoir faire la différence entre les “catégories” de troubles de l’humeur.

On distingue à ce jour quatre catégories, distinguées par la fréquence, la durée et l’intensité des phases du patient:

  • Bipolaire type I: caractérisé par un épisode maniaque de plus de 4 jours consécutifs, et d’un épisode dépressif de plus de deux semaines entrecoupé de période stable.
  • Bipolaire type II: caractérisé par un épisode hypomaniaque de plus de 4 jours consécutifs, et d’une humeur dépressive quasi-constante.
  • Cyclothymie: Longues phases d’hypomanie et de dépression moyenne qui se succèdent sans pause, souvent provoqué par les changements de saison.
  • Trouble bipolaire non spécifié

Un patient connaîtra en moyenne huit phases maniaques ou dépressives dans sa vie, sauf s’il est atteint du “trouble de cycle rapide”, qui se caractérise par la présence d’au moins quatre épisodes différents parmi l’hypomanie, la depression, l’apathie et l’épisode mixte au cours d’une année.



Le Type 1 est généralement le plus facile à diagnostiquer car les phases de manie sont souvent visibles et remarquées par l’entourage. Elles se caractérisent par une élévation anormale de l’humeur, un rythme de sommeil instable, énormément d’insomnies, une immense confiance en soi, de l’irritabilité, des réactions violentes, des idées grandiloquente, une grande créativité et productivité, un débit de parole accéléré, des plans impossibles à réaliser, une méfiance inhabituelle envers son entourage voir même de la paranoïa et des hallucinations dans les cas les plus graves. La plupart du temps, un épisode maniaque est progressif: moins le patient dort, plus son humeur s’élève, plus ses actes deviennent inquiétants voir dangereux. Un épisode se solde presque automatiquement par une hospitalisation, durant laquelle on administre au patient de grandes doses de thymorégulateurs, antipsychotiques et anxiolytiques, afin d’”éteindre” le cerveau. L’hospitalisation suite à un épisode maniaque est d’une durée de minimum 10 jours, et il est important que le patient soit pris en charge à la sortie de hospitalité afin de diminuer progressivement les doses des médicaments, sans quoi le retour “à la normale” sera impossible.

Phase maniaque: reblog tout et poste tout ses selfies
Dépression: écrit des textes personnels tristes pour les effacer immédiatement


Diagnostiquer un Type 2 est beaucoup plus compliqué. Seul le type 1 peut atteindre le stade de manie, tandis que le Type 2 atteint un stade que l’on appelle “hypomaniaque”. Ces phases se caractérisent également par une grande confiance en soi, une flux de pensée beaucoup plus rapide, un débit de parole accéléré, un mépris des conventions sociales et de la diplomatie, irritabilité, impatience, insomnies, sociabilisation exacerbée, extraversion, une grande productivité et créativité, et une inclinaison à adopter des comportements dangereux (alcools, drogue, hypersexualité…).

Hypomanie: je ne sais pas ce qu'il se passe, mais ça m'excite.


D’après Michel Bourin, psychiatre, la difficulté à diagnostiquer le type 2 vient du fait que l’hypomanie n’est pas perçue comme pathologique mais, au contraire, avantageuse socialement à cause de l’hypertravail qui est valorisé par la société capitaliste. La question à poser au patient est alors: “comment vous sentez vous lorsque vous n’êtes pas déprimés?”. En effet, la dépression est l’humeur par défaut du Type 2, contrairement au type 1 qui est capable d’émotions “normales” comme la tristesse, la joie ou une certaine neutralité. Bien souvent, le patient prend l’hypomanie pour son visage sain, puisqu’il ne ressent violemment que les phases dépressives et les épisodes mixtes, durant lesquels l’énergie de la manie est investie dans des comportements auto-destructeurs et suicidaires.






Ce qui distingue les bipolaires des autres troubles psychiques est donc principalement ce gouffre permanent entre trop et pas assez d’énergie. C’est ce qui rend le trouble difficile à vivre pour le patient, qui se sait imprévisible, instable, et donc s’identifie systématiquement comme un poids au sein d’un groupe.


Les travaux de groupe en phase depressive:
Toujours en train de s'excuser pour son rythme lent de travail



Cette oscillation constante de l’humeur est souvent la cause de troubles comportementaux alimentaires, mais aussi d’une tendance à l’alcoolémie, la toxicomanie, la nymphomanie, etc.


Par ailleurs, les idées suicidaires font partie intégrante de la maladie. C’est d’ailleurs la plus grande cause de mortalité chez les bipolaire, sachant que 20% des tentatives se soldent par une réussite. Si les idées suicidaires sont présentes en permanence dans les phases dépressives, c’est les épisodes mixtes qui sont les plus inquiétants, car ils se caractérisent par l’apparition de pulsions suicidaires, souvent incontrôlables et irréfléchies.


Selon Michel Bourin, le suicide des bipolaires est souvent incompris par l’entourage éloigné du patient. On dira bien souvent qu’il s’agissait d’une personne “brillante”, “rigolote”, “travailleuse”, voir d’un “génie”.


Il est facile de comprendre ce décalage quand on prend en compte l’immense tabou qui régit l’univers des maladies psychiques. Les troubles de l’humeur font partie des troubles les plus discriminés dans le monde professionnel, mais aussi dans l’obtention de certains services ou diplômes, comme le permis. Il est fréquemment conseillé aux patients de mentir sur leur état pour ne pas avoir de problème (par exemple, mon certificat pour le relais handicap de l’université comprend l’expression “instabilité de l’humeur” et non mon diagnostique détaillé).

Le World Bipolar Day, qui a lieu chaque année le 30 mars, a été mis en place pour lutter contre ces discriminations et le tabou qui entoure cette maladie. Quelques extraits de la chaîne YouTube française:



les personnes bipolaires sont-elles handicapées?


les personnes bipolaires sont-elle dangereuses?


les personnes bipolaires sont-elles plus créatives?



Dans un prochain article, je raconterais plus précisément mon experience avec la bipolarité, 
et je partagerais avec vous tout ce qui m'a aidé à vivre mon trouble au quotidien. 
 See you soon!